21 sept. 2018

C'est fini (pour cette fois)

Cala Calobra (Majorque)

Quelques heures après Minorque, la VHF a commencé à parler français. Ca nous a presque étonnés, après tout ce temps. Déjà depuis Gibraltar, les vagues s’étaient progressivement raccourcies et le vent faible déjouait les prévisions météo, avec parfois 180 degrés d’erreur. Dans 3 jours une Tramontane sérieuse va se lever et il sera déconseillé de se trouver dans les parages du cap Creus. Bref, pas de doute, c’est bien la Méditerranée.
Ciutadella (Minorque)

Port Camargue

On s'est amarrés hier à Port Camargue (ponton visiteurs), le dernier jour de l'été et 4 ans quasiment jour pour jour après notre départ de La Rochelle. Les bouteilles de gaz sont vides et le cahier de bord n'a plus de pages, c'est dire si on a bien calculé notre coup. Sur le ponton I, Velvet premier-du-nom, rebaptisé Sea You, est parti cette année pour traverser 2 océans ; on suit ses pérégrinations sur le net. Les autres sont presque tous là, des apéros sont à prévoir. 




Nos 17000 milles parcourus et ce qui va avec (20 pays, 80 îles, 1 ouragan, des petits progrès en espagnol, des gros progrès en bricolage et une expérience nouvelle de la vie en voyage) vont bientôt être de l’histoire ancienne. Pour l’instant, c’est impossible de classer tous ces lieux par affinité. On dira juste que le meilleur rhum était à Marie Galante, les pécheurs les plus cordiaux à Cuba et l’eau la plus turquoise aux Bahamas. Et encore, ça se discute.



La liste de maintenance du bateau est longue comme le bras, mais on va attaquer ça bille en tête. On ne sait même pas où on repartira dans quelques mois : Grèce ? Venise ? Europe du Nord ? Pour ce que valent nos plans de navigation, on laisse décanter un peu avant de décider.

18 août 2018

De retour en Europe



On s’était habitués à la météo des Antilles, souvent bien établie et relativement prévisible. Là-bas, si on te dit qu’il y aura du Nord-Est 15 nœuds, tu peux compter dessus. Par contre pour rentrer des Açores au Portugal, il aura fallu s’accommoder d’un vent indécis et de fichiers météo approximatifs.

Tant que les variations de vent se font sur quelques heures, tu changes tes voiles ou tes réglages et tu t’adaptes. Mais quand tu passes sans cesse de 5 à 20 nœuds, puis l’inverse, avec 30 degrés de variation chaque fois, au bout de 36 heures ça énerve. C’est chiant la voile, des fois.



ZST de Sao Vicente

Pas mal non plus la traversée du rail des cargos au cap Sao Vicente. Ils arrivent par paquets de 3 ou 5 à des vitesses double ou triple de la nôtre, et il faut passer entre eux dans la brume. Y’en a qui n’allument même pas leur AIS avant le dernier moment, alors je passe un appel VHF « Gros machin gros machin pour Velvet … Moi petit voilier j’appelle juste pour savoir si vous m’avez vu », « Oui pas de problème, je vais passer votre proue d’assez loin ». Ils sont sympas en général les officiers de quart.



Sao Jorge

Faial












Ponta Delgada, Sao Miguel

Aux Açores, il y a un peu trop d’églises et d’images pieuses à mon goût, mais une énergie considérable est déployée en nettoyage, entretien, débroussaillage, etc. pour garder les îles super clean. Les vaches ont l’air heureuses et le fait est que le lait est meilleur qu’ailleurs. Bonnes vibrations.



1er lever de soleil Portugais

A présent on est en Algarve (sud du Portugal). La transat retour est terminée et Hélène se demande si c’est bien elle qui a fait tout ça. Reste à passer Gibraltar et Velvet connaitra la Méditerranée. L’Andalousie et les Baléares sont sur la route, on devrait arriver à Port Camargue en Septembre.

26 juin 2018

Des Bermudes aux Açores


Pour revenir à la maison en partant des Bermudes, la route des Açores offre sur le papier des vents d’ouest dominants. C’est la route qu’empruntait déjà Christophe Colomb, avec ses caravelles qui n’avançaient qu’au vent portant. Ceci dit il faut quand même la jouer fine : des dépressions démarrent tous les 3 ou 4 jours à l’ouest de l’océan et se déplacent vers le Nord-Est (en général), à vitesse variable. Il faut rester au sud des dépressions pour avoir de l’ouest, pas trop près du centre (où le vent est trop fort) ni trop loin (où le vent est trop faible). 


La route de ces dépressions n’est connue que 2 ou 3 jours avant, et dépend notamment de la position de l’anticyclone des Açores qui cherche à s’établir en cette saison. On peut choisir une route plus au nord, au risque de se faire bastonner, ou plus au sud au risque de devoir allumer le moteur par manque de vent. La route directe est la plus courte, mais elle présente les 2 risques.


Route retour Açores

Bon bref, on est partis plein Est après une dépression et on a piqué Nord-Est vers les Açores seulement au 6ème jour. Plutôt une route sud donc, mais sans pétole ou presque (juste 24 heures de moteur sur 13.5 jours de traversée, moyenne 5.4 noeuds). Trois jeunes sur un SunFast équipé régate ont mis 3 jours de moins mais d’autres mettent une semaine de plus. Pas mal, donc, pour 2 quinquas aimant le confort. La houle de travers nous a quand même bien remué la pulpe. Pas facile de rester debout sans s’accrocher aux mains courantes, et Hélène n’aime pas trop qu’on remue son lit dans tous les sens quand elle essaie de dormir. Moi rien ne m’empêche d’écraser alors ça va.

Côté pêche, fiasco complet. Il faudra attendre un peu pour le 2ème tuto.

Mouillage Lajes

Flores - Hortensias
On avait choisi d’atterrir à Flores, à l’ouest de l’archipel. La marina de Lajes est minuscule et le mouillage juste devant est très rouleur, dommage. 
Flores - Lac Noir

Par contre l’île est spectaculairement belle : des lacs, des arbres en fleurs jamais vus ailleurs, des hortensias le long des routes, des vaches super charnues qui broutent sur les hauteurs et des falaises couvertes d’arbres et de mousse.


Flores - Faja Grande

Flores - Lac


Prochain stop Horta, l'étape mythique des traversées retours.

28 mai 2018

Bermudes et mahi-mahi

Saint George, Bermuda
Traversée pas monotone pour venir jusque ici aux Bermudes : 2 jours à la voile par mer agitée et de côté, puis succession de moments comme on aime (mer belle, vent modéré, bon plein) et comme on aime moins (motorsailing, pétole). Tant que c’est pas du temps de chien, ça baigne. En parlant de mauvais temps, quelques dépressions visent le secteur dans les jours qui viennent. On va attendre un peu pour repartir vers les Açores.

Le cadeau de la semaine : cette vidéo de pêche, concoctée pendant la traversée.

17 mai 2018

Bahamas


Ragged Island
La page Cubaine est tournée. Il en reste deux vidéos ici.

5 semaines pour remonter les Bahamas du sud au nord, c'est ce qu'on se donnait avant de nous préparer à la traversée retour. On a commencé par les mouillages déserts et poissonneux de Ragged Island et des Jumentos. De l'eau turquoise sur 360 degrés, purée c'est beau.

Jumentos

La saison des langoustes est close, mais pour les mérous, les hog fish et les snapers, c’était open bar. Je râle qu’un requin goulu m’ait piqué le beau mérou que j’allais ramener au bateau. Il parait que c’est pas seulement le sang qui les attire, mais aussi les vibrations que font les poissons prisonniers à la bouée. Enfin bref j’étais déçu, ça aurait fait une belle photo.
Grouper & snaper


Y a plein de lambis, aussi. Contrairement aux Antilles françaises, la pêche est autorisée, et c’est pas si difficile à ouvrir finalement : il suffit de trouer entre la 2ème et la 3ème spirale, de couper le muscle, et ça sort tout seul (voir la vidéo Bahamas au même endroit que précédemment). En sashimi, ça le fait bien.

Velvet & Phoenix


En remontant vers le nord le long des Exumas, on sort de la zone tropicale et on rencontre de plus en plus de bateaux venant des US.




Staniel Cay Marina

Staniel Cay


A Staniel Cay, c'est très organisé. La grotte de James Bond dans Thunderball est à côté, et ya des nurse sharks dans la marina.





Nassau cruise docks
Le pompon c’est pour Nassau, avec ses méga paquebots et ses hôtels kitsch genre Las Vegas. On serait bien allé visiter les studios d’enregistrement de Chris Blackwell, mais ils ont déménagé depuis longtemps.
Nassau, fish market








A présent on est à Marsh Harbour et on s’apprête à traverser vers la France, via les Bermudes et les Açores. Pour l'instant il pleut et on va attendre quelques jours. On n'a pas trop d'appréhension.

Au fait, c’est Raymond Devos qui a trouvé le nom du port, non ? Marche à rebours …

3 avr. 2018

Santiago, mélancolie et main de fer



Santiago de Cuba sera notre dernière étape Cubaine. C’est ici qu’on va faire nos formalités de sortie dans quelques jours. Ce sera triste de tourner la page après 13 mois, un tour de 1600 milles le long des côtes, un ouragan évité et des dizaines de belles rencontres. Pour l’instant on profite du coin. Le centre-ville est un peu loin, mais moins sale et pauvre que ce que disent les guides. 




Au cimetière les cendres de Fidel sont sous une grosse pierre, à côté du mausolée de Jose Marti et d’autres héros Cubain. Compay Secundo est un peu plus loin.





Baracoa est accessible en 5 heures de bus par une belle route de montagne. Là-bas normalement y a la meilleure musique mais pour nous pas de bol, c’était la semaine sainte. Ils avaient même fermé la Casa de la Trova qui est trop près de la cathédrale.


Samedi, on part pour les Bahamas. Le Winward Passage entre Cuba et Haiti est souvent bien agité, mais ce jour-là on attend une belle calmasse.





Sinon pour éviter la mélancolie, quelques considérations purement nautiques. En dehors de l’équipement classique (sécurité, pièces de rechange, outils, matos de pêche, musique, photo/vidéo, liseuses, etc.) on a tous à bord des objets dont l’idée est venue comme ça, par expérience ou en imitant les autres bateaux.  Pas forcément indispensables, mais presque. En voici notre top 10.

        
        1. Main de fer auto tombante - Pour soulager le guindeau au mouillage. La beauté de ce modèle est qu’il tombe tout seul (le plus souvent) lorsque on remonte la chaîne.



2. GPS sur USB - En plus du système de navigation résident, pour garder les traces de toutes les navigations sur son PC et les admirer pendant des heures







3. Pince longue souple ou rigide - Pour aller choper la petite vis qu’on a laissée tomber dans les fonds sans se casser les reins







4. Double filtre 10µ et charbon actif - Pour se rassurer sur la qualité de l’eau et diminuer son goût de chlore quand on fait le plein dans une marina




        
        5. Télémètre - En vente dans les magasins pour golfeurs, pour mesurer la distance du bateau au récif voisin, notamment quand le vent vient de tourner au mouillage 






6. Grill pour cuisinière à gaz - Pour le pain grillé du matin sans 220V






        
        7. Antenne wifi extérieure - Pour avoir internet à bord lorsque on mouille près d’un restau de plage avec wifi et qu’on a le code.






8. Plancha à gaz - Pour cuisiner depuis le cockpit






        
        9. Lumière de cockpit - Juste un feu de mouillage branché sur le 12V, avec détecteur de lumière pour qu’il s’allume tout seul et qu’on rentre la nuit tombée.







10. Pare-soleils - S’adaptent sur le bimini et permettent de rester dans le cockpit à l’heure de l’apéro.

23 mars 2018

Les Jardins de la Reine



Au sud de Trinidad, le Golfe de Ana Maria est plus ou moins fermé par de très longs récifs, dont les fameux Jardins de la Reine. D’après les témoignages, c’est très beau et très isolé, et les bateaux de passage y sont rarissimes. On pouvait s’attendre à une suite de lagons limpides et à une absence totale de voisinage.




Je confirme pour la tranquillité : on a vu 4 autres voiliers en 3 semaines, et c’est la haute saison. Par contre, il faut nuancer un peu le côté turquoise : les lagons bien protégés sont constitués de mangrove et l’eau y est rarement claire. Pour se baigner dans l’eau crystalline et voir du poisson, il faut en général prendre l’annexe et aller sur les récifs. Bon c’est déjà vachement bien quand même.

Le charme spécial du coin, c’est la solitude. Pas d’autre bruit que celui du vent dans l’éolienne, avec un cormoran qui pêche à côté du bateau. Attention à forte dose ça peut rendre fainéant ou alcoolique, filons nous baigner ou pêcher quelque chose.



L’évènement, c’est quand on croise un bateau de pêche. Ils nous repèrent de loin et sont ravis de troquer poissons, langoustes, crevettes ou pinces de crabe contre du rhum, des clés USB, du dentifrice etc … Pas ou peu d’argent en général et omega3 garanti. A Algodon Grande, ils étaient toute une flotte de 11 crevettiers à mouiller pas loin. Je suis monté sur l’un d’entre eux et on a parlé entre hommes : foot, pêche, etc. Ca les a bien étonnés que je préfère le Real au PSG, et ils connaissaient l’histoire de Benzema et de la sex tape !


On est arrivés à Cabo Cruz, pointe sud ouest du pays. La Jamaïque est toute proche (80 milles) mais on peut pas aller partout, il faut qu’on revienne sur la côte Atlantique pour finir notre tour de Cuba.